LE PE_DU par le Collectif A
Ecrit et mis en scène par JC GARY assisté à la mise en scène par Sabine PIETRASZEK
Création tout public (à partir de 13 ans) | 2017 – Durée 1h30
Notre identité acquise est toujours insuffisante et défectueuse : elle est le contenant et non le contenu.
| Alejandro JODOROWSKY, réalisateur
B : Tu veux qu’on cause ?
A : De quoi ?
B : J’en sais rien…
Synopsis
A et B gardent… un pendu. Pas grand-chose à faire. Pour passer le temps, ils jouent… au pendu. Et ils s’engueulent. Le temps passe, et cyclique nous livre des moments toujours recommencés. A moins qu’il ne passe plus.
Sur cet ancrage beckettien assumé, la fable se développe, philosophique, poétique – symbolique, offrant ainsi plusieurs niveaux de lecture.
A et B ne rencontrent personne d’habitude. Aujourd’hui, la roue semble s’être remise à tourner et, défilent, chacun son tour, divers fonctionnants – comme autant d’étapes initiatiques vers un ailleurs. Un nouveau monde, ou un nouveau soi.
Si tout semble fini – c’est donc que tout commence.
La dramaturgie du PE_DU opère sur plusieurs strates : la référence au théâtre de l’absurde est assumée, elle offre un ancrage permettant une réflexion politique, philosophique – et avant tout poétique. Représenter le monde, réinventer le monde – plonger le spectateur dans un hors-temps, un lieu suspendu, à l’image de ce que nous sommes, ou ser(i)ons… au bout de la route.
La mise en scène est conçue comme un parcours initiatique. À travers chaque tableau, c’est un voile qui tombe. Les références à l’alchimie sont nombreuses, mais ne sont pas nécessaires pour donner du sens à l’œuvre. Chacun y prendra ce qu’il prendra, consciemment ou non – selon son âge, selon ses références, selon ses expériences.
Les adolescents y trouveront de nombreuses pistes de réflexion en accord avec les nouveaux axes du programme de troisième (représenter le monde, dire le monde, l’individu dans la société, l’individu et le pouvoir…) et ceux du lycée (« Écriture poétique et quête du sens », « La question de l’Homme » …). Des ponts pourront être faits avec Beckett, Jarry, Adamov ou Ionesco, une réflexion particulière pourra être engagée sur la réécriture de motifs bibliques ou philosophiques (Candide). Ils seront particulièrement sensibles à l’univers onirique, atypique des personnages « jodorowskiens », à la critique sociale et à la réflexion sur l’individu : vivre seul ou avec l’autre (ou les autres).
Les adultes seront également sensibles aux éléments sus-cités, plus réceptifs à l’intertextualité et au message politique. Ils y verront une œuvre engagée, peut-être spirituelle, empreinte d’une dimension esthétique forte.
L’œil et l’oreille avertis y dénicheront vraisemblablement d’autres pistes.
La mort est omniprésente, mais systématiquement traitée avec distanciation : elle demeure symbolique. C’est un système qui meurt, non des individus. C’est l’apparence qui se dissout, non l’essence.
La comédie prime, par la parole, par le geste et les situations. On sourit, on rit de et avec ce couple de gardiens irrésistible – mais l’ensemble est sous-tendu par une tragédie latente, à l’image de A et B, deux clowns-gardiens égarés au pied d’un arbre et d’un pendu.
Un Pendu dans un Aquarium…
LE PE_DU est le fruit d’une double écriture.
La première a abouti au texte, après deux ans d’ébauches, d’écriture et de réécritures. Au début, un topos artistique. Deux gardiens au pied d’un pendu, variation autour des « joueurs de dés » au pied de Jésus crucifié. Godot n’est déjà pas si loin… Les personnages apparaissent, au gré de l’inspiration du moment. Puis le fil se construit et les réécritures s’enchaînent, chacune entraînant la suivante.
Deuxième étape, le laboratoire. Plongée dans l’Aquarium, parmi les vieilles pierres du Mas Blanes, encore habitées par les souvenirs de la Llevantina, lieu de résidence permanente des compagnies Amnésik et Volubilis. Errances, expérimentations, allers-retours entre le texte et le plateau, sans plan préétabli. Seulement une discipline, une régularité dans la pratique et la nécessaire prise en compte des propositions du groupe.
Des pistes s’ouvrent, des thèmes apparaissent. Le metteur en scène acquiert un point de vue que n’avait pas l’auteur, ce qui permet de reconsidérer le texte : le tarot, en particulier, s’impose comme un filtre essentiel dans le processus créatif. Dès lors, le pendu s’en trouve… renversé.
Nous avons tous accepté de prendre le temps, dans des conditions pas toujours faciles pour vivre le théâtre tel que nous l’aimons. Les journées commencent systématiquement par une heure de méditation, suivie d’un échauffement corporel – ensuite, il s’agit d’écouter tant le lieu que les corps, et l’ensemble invisible dans lequel nous évoluons.
Voici l’Aquarium où est né LE PE_DU.
LE PE_DU a été créé à l’Aquarium, lieu de création (Pézilla-la-rivière) ainsi qu’au centre d’art contemporain, A cents mètres du centre du monde (Perpignan).
Les deux compagnies bénéficient du soutien du Conseil Général 66.
Ecriture & mise en scène: JC GARY ( http://www.jcgary.com )
Assistante à la mise en scène: Sabine PIETRASZEK
Comédiens: Lucie CHILLON, Laetitia COSTA, Aurélie BOURRAT, JC GARY, Sabine PIETRASZEK & Christian SAVIER
Création lumière : Magali PAGES
Création costumes : Aurélie BOURRAT
Création décors : Didier DIMECH